Mes pieds ne trempent pas dans une seule eau. Je navigue parmi des étendues aux formes et textures diverses en vacillant d’un cap à l’autre. Parfois, le gauche s’enfonce ardemment alors que le droit flotte légèrement en se badigeonnant d’une fine couche humide et salée que la mer méditerranéenne nous offre. Celle de la baie des singes au sud-est de Marseille. Et quand le mistral balaye de son souffle les roches arides des Goudes, on ressent sur le pied notre duvet frétiller par les gouttes marines de la baignade passée. Autrement, la plongée peut être longue. Voyez non pas les eaux croupis (car la stagnation se fait désormais rare) mais un océan de vapeurs. Gonflement étouffé tel la voûte qui se raidit pour s’écrouler : puisque la marche s’est déroulée dans de mauvaises conditions. Comme c’est étrange ! La sensation de deux pieds distinctement trempés dans différents flots. Et compliqué d’avancer si vos pieds ne répondent plus à la même force gravitationnelle. Tantôt l’un, tantôt l’autre. Tantôt les pieds dans le même sac. Peuh, quelle laborieuse posture. Pénible fût la division, consternante est la révérence inflexible. Ces sources naissent des rapports mnémoniques construits au cours de notre vie. Arrive un jour une faille créée par la vague trop forte d’une émotion ingérée. Puis la larme. C’est une goutte mais qui s’appelle larme. Elle se laisse boire par les minéraux qui l’habiterons plus tard. Son chemin traverse chaque brèche, agrandit les nouvelles comme les anciennes. Arpente ses fondations en inventant des couloirs communicants. La larme grossit. Elle s’y sent bien. Maison (c’est son nom) est ouverte à toustes. Maison adore recevoir; aime être habitée; pense vivre. Maison sait qu’elle est accompagnée. Avec larme, qui s’invite dans toutes ses pièces, jamais personne ne viendrait loger. Maison, c’est un grand corps aux membres fragmentés. Rien n’est coordonnés. Sans sens, tout le monde s’y perd. Sauf larme. Maison se dit : Pourquoi pas ?

La goutte qui s’appelle larme fissure la roche. Indicible faille devient gouffre en éventrant la terre. C’est un vide atonal. Les mélodies qui le compose croche les notes pour rebondir aux parois en un rythme aléatoire. Parfois le son s’offre en portée parfaite, remplissant l’espace telle l’absolueté vérité. Une conclusion « orgish ». Comme le glas de la satiété. Un gouffre, c’est bien vide. C’est souvent résonnant du vent à venir; humide de la pluie passagère ou de la rosée matinale qui, justement, s’en(gouffre) parmi les failles de sa naissance. Un vide, un gouffre, une grotte quoi. C’est viscéral. ça donne envie de remplir de combler. Le comble ! Combler un vide qui existe par son obligation même d’exister. D’être : vide. Sans quoi, gouffre/grotte n’existeraient pas. Sans vide, elleux ne sont pas. C’est vain. Cette quête de satiété profonde n’est que vaine. Tu prends la machine et tu te contentes de remplir les formulaires pour gagner ce que tu te crois dû. Tu rêves de tout posséder. Tu n’y vois jamais la fin, à ce rêve. Mais tu continues, parce que c’est bon. Trop bon que t’y vois pas la fin, à ce rêve. La machine ment : à toi même aussi. La fin n’existe pas, pour la simple et bonne raison que son existence est impossible. La satisfaction fait port du nul, du zéro, du néant. Comme le gouffre, tu n’arriveras jamais à le combler. Dans la marmite de son ventre est un grand secret. Et la faim qui habite cet espace grot(t)esque se fait acclamer de toustes. Longue vie à la famine des jours modernes.

<>+0

Maintenant, appliquons une discussion arborescente : racine de <> confronte racine de O. Les idées se comparent, conférant à toute l’unicité. C’est en se mesurant par opposition - même lors d’une similarité prégnante, que nait l’ordre discursif de la méritocratie. Ainsi, l’ego en tant que conscience et représentant du soi « sociabilisé » se retrouve affaiblis par un schéma échelonné. Maison, elle, a plein d’escalier. Depuis que la goutte qui s’appelle larme, infiltrée, a beaucoup creusé, il a fallu organiser les étages, compter, calculer, stratifier. Originellement, Maison était de plein pied. Plutôt honnête, son réseau communiquait par couloirs transversaux. 100% tentaculaire; puis 100% sédentaire. La voilà ancrée. Centrée. Ses escaliers, multiples, portent en eux Mérite et Reconnaissance. L’enracinement des fondations de Maison s’ancre dans la verticalité du jugement, du progrès, de son identité productive. Maison est devenue comptable. Contrôle et radars et caméras et chiffres pleins de chiffres que des chiffres pour s’organiser car il le faut, ça, s’organiser, sans dates ni heures ni nombre monétisé; elle serait perdue ! Complètement perdue ! Attachée à la machine protocolaire, je me rassure de chaque cases cochées pour chaque actions actées. Bonne civile que je suis, bonne étudiante, bonne fille, bonne soeur, bonne amie, bonne personne puis bonne tout court, oui, bonne. Bonne à encadrer et pourquoi pas encastrer dans les écrans. Tout ces écrans… Tout ces massacres perpétrés. Le « gouffre de larme », c’est le creux de l’intensité. La cavale des conquérants de l’inutile, la fuite de la faille, qui grossit pour s’offrir en gouffre de larme. L’ultime recours pour ressusciter l’aventure agonisante s’empêtre parmi les charognes de la modernité connectée. L’intensité comme fuite, s’en va-t-en guerre contre elle même. Les machines thérapeutiques : soyez sujet premier. Sentez-vous vivant. La dévitalisation est ennemie. Les machines promettent : augmentez ! intensifiez ! production, conso m mation, co m Mu NIcaTION Les machines crient ! Vous aurez tout, plus, mieux : interprète de votre vie, acteurice digital.e, star des instants ! Voici ici, là, maintenant, pour toujours, le jeu de l’homme mécanique. Complètement mécanique. j’éteins la conscience pour laisser place à la mécanique Souviens-toi, on s’était dit. On est plus du gingembre que de la carotte. On le sait, le Miro s’étend pour conquérir les terres de l’écoute. Décapitons les tympans car ainsi, rien ne nous atteint. Voici encore une découverte, celle qui prodigue aux vainqueurs l’impression habitée de la réussite complète; l’habile complexe, le sacré. La sensation religieuse d’avoir captivé le malin interne, celui de l’individus égotique. Toujours celui qui habite. Attention à ne pas tomber dans la lave ! Au point unique, se mettre hors de portée ! Là où il est destiné de recevoir les figures de notes, de silence D’altération et de Clefs. En deçà des sols, l’autel sacré les lient. Parfois, il arrive d’y trouver du recul; sous mouvement tentaculaire-aire nomade et séculaire. De certain, cri leur bouche : Nous sommes en terre sainte, Nous refusons de sortir. L’autel sacré les lient. Après des années de servitude -volontaire ? Une voix résonne encore Elle dit : Je perce hardiment le miroir Emergeant Pour prendre à juste titre mon espace. La voix quitta la région Délaissa toute arborescence Tira sa révérence Puis, d’un signe vers l’espace, à la lisière de ce que la racine à toujours connue S’abandonna vers un lieu de guérison. Au plateau des milles vaches, il y a milles vaches et plus encore. On pourrait dire qu’il y a plus de vache que d’habitants et, contrairement à ce qu’on pourrait croire, c’est très bien. Le Creusois a bien joué : moins fière que le Breton, il dispose désormais de terres protégées et partagées entre individus aimants, issus de près comme de loin, d’ici comme d’ailleurs. Ici, tout semble vrai. Le temps suit les jours et ses nuits réalisent les vérités cachées des malices. Libéré des caprices urbains, nous avançons allègrement dans une temporalité indéfinie. Seule la météo guide nos actions, enclave nos repères parmi l’indescriptible masse environnante. L’individu égotique s’oubli pour privilégier le tas : demeure des volontés estivales, du lâché prise, du repos transcendental. Une extase, toute calme, de la perfection accomplie, la paix non pas de la simple satiété et du néant, mais de la vie équilibrée. Une paix riche et vivante. Vivez là, plongez au kaléidoscope non plus des instants, mais des gens. Une multitude de visage, de corps, de jambes. Une pluralité d’humains, de cases et de tentatives. ici, Maison rayonne de milles teintes différentes. Maison : toi, extrême dans ta passion, tu excelles dans ton indifférence. Lorsque tes extrémités s’étirent si fort ! L’élastique lâche; croûte; se fripe, s’effrite, sèche en laissant place, trace fossilisée, à la mue de ce qui aurait construit ton orgueil. Monde inconnu qui s’offre en tempête de bulles pétillantes comme un doux bouillon d’extase. Celleux qui t’ont rendu en ce début forte, te mutilent maintenant sur la page des questions. Que dira-t-on? Tu exposes sur ton corps les insécurités de votre dialogue. Petit village qui s’habite aisément, Rienne transporte ses invité.es par les portes poétiques du paysage pavillonnaire. Maison y est, toute désuet, mais les marques sur son corps reprennent vie. Leurs places se légitimisent et la logique du traçage reprend sens. Son corps, ses membres ne sont plus fragmentés. Son corps, sa forme, malléable par soumission temporelle, lui échappe en toute liberté, dès maintenant. Là bas, on insémine les canaux. Un jour, car je sais que ce n’était pas la nuit, un jour qu’on se baladait au rythme de gourmandises digérées, les portes décidèrent de naitre à leur bon vouloir. Au delà du sensoriel rencontré à leur commissure, un dispositif presque automatique propulsa la conscience en un autre niveau. Comme exalté par ces paliers aisément franchissables, on savait parfaitement où on allait. D’une logique indiscutable, la notion d’inconnu perdit tout son sens pour laisser place à une symbiose luminescente qui nous enveloppa une partie du temps ensoleillé. Un rayon de ce fameux soleil reliai à cette perception unique la réception complète des énergies qui nous entouraient. Cette nature rampante acceptai de se faire percevoir, semblai avancer vers nous sans jamais nous atteindre. La myopie disparue pour laisser place au microscope de nos pupilles. L’air était pénétrable, passif. Perméable aux respirations environnantes, la position horizontale nous fondâmes dans la masse broussailleuse près de laquelle on était. Cette foret, comme corps cohérent, berçait (tout) au rythme de son diaphragme. Un rappel, de cette unique entrevue avec (la) sincérité. Je fume une cigarette, en observant le plafond céleste de ma chambre; je remet tout en place. Je tente de réunir sans perdre une miette, trop gourmande pour cette réalité. Un jour, j’essayerais la pipe. Que chaque bouffée soit la naissance d’une idée; comme chaque fumée celle d’une conclusion. Me voilà construire un baldaquin de souvenir. Son matériaux, sa substance n’est autre que mnémonique. Ami.es, Voici notre ciel de lit Roupillons, Négligez sans reste Ici, réside bouche close le chef lieu du Tas.